Les WoW Addict sont une succession de petites histoires, nées d'un simple délire sur le forum officiel du jeu World of Warcraft, un beau jour de printemps. Au fil des aventures, des personnages emblématiques ont vu le jour : Damien le paladin psychopate, Hubert le dépeceur fou fan de belette, Aladèche l'anti-héros par excellence, ainsi que Jerome, Nicolas, Cyril et d'autres joyeux lurons du coté Horde.
Pour vous faire une idée plus précise des WoW Addict, et ensuite dévorer tous les épisodes 1 par 1 (sisi, ca le fait à tout le monde), je vous invite à lire l'épisode du jour, un peu plus bas sur cette même page.

Récit "Sin City style" à lire avec une voix bien grave dans la tête, et sans se presser.

Elle
Histoire par Mistral
_______________________________________________

Saleté de pluie. 3 jours entiers que le patron de cette bonne vieille terre déverse sa tuyauterie sur mes os déja bien embourbés. A croire qu'il m'en veut de quelque chose, un peu comme la moitié de la population d'Azeroth. J'ai du lui péter un bras un jour, sans faire expres. Déformation professionnelle. J'ai froid, j'ai faim, j'ai envie de dormir ... Si ca ne tenait qu'a moi, je serais allongé au soleil à siroter un liquide hallucinogène qui me ferait voir la vie en bleu. Bleu car le rouge m'ennuie, il traine dans ma saleté de vie depuis trop longtemps. Même un putain de borgne daltonien fait mieux la différence que moi entre une flaque d'eau et une flaque de
sang.

J'aurai du me casser un os le jour où j'ai accepté cette foutue mission. Tout ça pour quelques Pièces d'Or qui seront vite dépensées en alcool à la première taverne du coin. Je me connais. J'ai encore des doutes sur les raisons qui m'ont poussé à serrer la main de ce salop de Demoniste. Est-ce l'appat du gain ? Est-ce mon foutu orgueil ? Ou est-ce ... Elle ?

Tu commences à me rendre dingue la pluie. Toi et moi on aura une petite conversation un jour tous les deux, et tu comprendras pourquoi on m'appelle The Wall. Pseudonyme idiot qui cache un tas de muscles bourrés de cicatrices, de déchirures et d'écchymoses en tous genres, gentillement offerts par ceux qui gisent désormais à 6 pieds sous terre. Oui, je suis un peu rancunier, c'est mon petit défaut. J'aurai peut etre du bétonner le démoniste avant qu'il me refile le paquet cadeau, au lieu d'accepter comme un con au premier regard qu'Elle m'a jeté.
Ah, ca y est, j'ai la réponse à ma question.

Quand on parle du loup ... J'avais dis 15 minutes de repos, voilà 2 heures que ses yeux se sont fermés. Avec le peu de coeur qu'il me reste derriere cette carcasse, je l'ai laissée dormir, peut etre trop longtemps, on a pris du retard. Son souffle chaud atteint ma main posée sur la pierre, mon regard se trouble et s'évade. Est ce cela que l'on appelle le bonheur ? Hé ! Ressaisis toi mon gros ! T'es pas là pour jouer les bonnes soeurs mais pour gagner ta croute. Cette fille n'est qu'un colis à amener à son destinataire.

- Nous devons reprendre la route.
- Hmmmm ... j'ai dormi longtemps ?
- Bien assez.

Pourquoi j'ai dis ça ? Je viens de louper une occasion de me réchauffer les doigts en lui collant 2 baffes. Ca ne me ressemble pas. J'ai un boulot à faire.

Bon, tu as gagné la pluie, cette fois encore. Moi et la demoiselle reprenons la route sous tes assauts repétés. Tu diras à ton patron que s'il compte m'arréter avec de la flotte, il se fout le doigt dans l'oeil. Ou le coude dans la gorge, si c'est moi qui m'en charge. Notre allure est lente, notre pas lourd. Malgré l'apocalypse qui se déverse sur ses épaules, Elle reste d'une clareté divine. Le regard fixe, la tête haute. Une amazone. Je ne connais pas son histoire, tout ce que je sais c'est que dans quelques jours elle sera à tel endroit, grâce à moi. Ou ... à cause de moi.
Ne pas poser de questions, regle numéro 1. Qui à fixer ces régles ? Merde c'est moi ... quel con.

- Pensez vous que nous serons arrivés avant la nouvelle lune ?

Sa voix transperce mon être. J'étais égaré dans mes pensées, totalement à découvert, inatentif, presque ... vulnérable. Qu'est ce qu'il t'arrive mon vieux ? Ou est passé ton sens du combat ? As tu envie de sentir une nouvelle fois ce gout amère dans ta bouche ? Nos yeux se croisent quelques secondes alors que je tourne la tete pour lui répondre.
Dieu qu'Elle est belle.

- Il nous faut accélérer le pas si nous voulons atteindre le Refuge avant la nuit. La tempete ne s'arretera pas, nous non plus.

Le boulot est simple : Transporter la demoiselle d'un point A à un point B. Bien evidemment, quelques sympathiques gaillards armés jusqu'au dents viendront féter notre anniversaire en cours de route. Normal, sinon on aurait pas fait appel à moi. J'en ai déja envoyé 7 au crématorium depuis hier. Le 8ème je l'ai loupé, mais il n'ira pas très loin vu que j'ai sa jambe gauche encore plantée sur mon épée. Les loups se chargeront de lui. Pourquoi autant d'effervescence autour d'Elle ? Comment si peu de kilos de chair et de sang peuvent remuer autant d'hommes ? Si elle était danseuse nue à la taverne de Booty Bay je comprendrais, mais là ...

Regle 1, ne pas poser de questions.

6 heures de marche. 6 heures que mes os me tiraillent et appellent à la grève. Pourtant, le repos est encore loin, et ce n'est pas le gugusse et ses deux couteaux plantés devant moi qui diront le contraire. Encore un volontaire pour le crématorium. Ma charmante compagnie se tient à coté de moi, le visage serré, fière, et pourtant si lasse lorsque je me tourne vers elle. La pluie perle sur son visage, l'eau salée se mélange aux larmes. Sa respiration est vive, saturée. Non, elle ne le fera pas. Sa main droite empoigne la dague cachée sous l'étoffe de sa cuisse, alors que tout son corps se cambre avant l'assaut.

Dieu qu'Elle est belle.

Le félin se jette sur notre assaillant. Bouge toi gros tas, c'est à toi de la protéjer, pas le contraire ! La pluie redouble sur les deux corps empétrés dans la boue. La lune se reflete dans les lames, du sang coule, des cris déchirent un silence trop pesant. Je suis immobile. Inerte. La rage qui se dégage de cette femme me glace les os. L'innocente petite Elfe vient d'imploser, et c'est ce pauvre malchanceux qui en subit les conséquences. Les deux bras levés vers le ciel, elle l'acheve dans un déchainement de violence, plantant ces 2 lames dans le corps maintenant sans vie de ce qui fut notre agresseur.
Les cris se sont tus. Seuls restent la pluie, le tonnerre, et son souffle rôque. La nuit l'enveloppe avant qu'elle ne s'écroule de fatigue, le visage éclairé par l'astre lunaire.

Bouge toi molosse, tu as une mission à accomplir. Dans son silence, Elle a besoin de toi.
.